Luna de Serena Giuliano

Après avoir dévoré cet été, Ciao Bella et Mamma Maria, les deux premiers romans de Serena Giuliano, j’attendais avec impatience la sortie de son prochain bébé le 18 mars prochain. L’attente a toutefois été écourtée. Grâce à une opération exceptionnelle de Masse critique sur Babelio, j’ai eu le privilège de découvrir en avant première Luna. Pour cela, je tiens à remercier chaleureusement Babelio, les éditions Robert Laffont, ainsi que l’autrice, qui a eu la gentillesse de dédicacer les épreuves du roman. Prêts à embarquer pour Naples ?

Résumé

« Parfois, on pense trouver le soleil en août, mais c’est la lune qu’on trouve en mars. »

Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?

Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant…

Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Et si ce retour aux sources sonnait finalement l’heure de l’apaisement ?

Mon avis

Retrouver un roman de Serena Giuliano c’est un peu comme prendre un café avec une copine avec laquelle nous échangerions nos souvenirs de vacances dans le Sud de l’Italie. Dès les premières pages de Luna le ton est donné. Bienvenue à Naples, Napoli la bruyante, la désordonnée, celle qui dès votre arrivée tient à ce que vous n’ayez pas froid aux pieds, ni le nez qui coule en vous vendant à la sauvette des chaussettes et des mouchoirs en papier même par quarante degrés à l’ombre. Celle qui avec toute son exubérance vous accueille à bras ouverts tout en vous bombardant de questions plus vite qu’un tir de mitraillette. Après la côte Amalfitaine, c’est la capitale de la Campanie qui est mise à l’honneur dans ce nouveau roman.

Luna est avant tout un odi et amo, une plongée dans les sentiments contradictoires qui lient le personnage principal à la ville qui l’a vue naître et dans laquelle elle a grandi, mais aussi à son père. Un père qui a dû faire des choix douloureux pour faire face à la pauvreté et à la précarité qui touche massivement la ville. Malgré ses merveilles et les ressources dont elle dispose, malgré les années qui passent Naples reste la même, rongée par la corruption, la mafia et les petits trafics. Si la question méridionale était au coeur de Ciao Bella et l’immigration était le thème central de Mamma Maria. C’est la Camorra et le système de santé qui sont cette fois-ci en toile de fond.

La visite des amies de Luna venues de Milan pour un week-end est le prétexte à une découverte des merveilles de la ville qu’elles soient culturelles, naturelles ou gastronomique. En effet, dans les pas de Luna, on visite cloîtres, églises et autres galeries qui font la renommée de la ville pour les touristes. On se balade aussi sur la côte Amalfitaine. On admire sous toutes les coutures le Vésuve qui trône en majesté sur la baie de Naples et qui malgré sa beauté, représente une véritable menace pour la ville dont témoignent Pompéi et Hercolanum. Côté gastronomie, clairement, si tu es actuellement au régime, ce livre risque de mettre à rude épreuve ta volonté. Parmiggiana, babbà, sfogliatelle, pasta alle vongole, Serena Giuliano met un point d’honneur à rendre hommage à la cuisine traditionnelle napolitaine. La cuisine familiale faite avec amour pour les gens qu’on aime. Je crois qu’en lisant le bouquin, j’ai dû prendre à peu près cinq kilos…

Luna est un personnage drôle, dans l’humour et la répartie qu’elle peut avoir dans les conversations sur What’s app qu’elle a avec ses copines milanaises. Elle est aussi touchante dans sa façon de se replonger dans ses souvenirs. Retrouver sa chambre de petite fille, ses journaux intimes, sa cousine qu’elle a longtemps considéré comme une soeur ou une meilleure amie lui rappellent que tout dans cette ville et dans sa vie d’avant n’est pas à jeter aux orties.

Dans la galerie des personnages que nous propose l’autrice, j’ai aussi beaucoup aimé la sagesse de Filomena, l’humaine (parce qu’il y a aussi Filomena le chat, qui nous offre de grands moment de rire). J’ai beaucoup ri avec les prises de becs de Pasquale, le voisin de chambre du père de Luna, et sa femme la signora Anna. Cette dernière est aussi agaçante de principe qu’elle est adorable de dévotion envers les gens qui l’entourent. Face à l’adversité, elle trouve refuge dans la prière, dans les proverbes, dont elle abreuve Luna à chacune de ses visites et dans la nourriture, qu’elle essaie à tout prix de faire avaler à son mari pour qu’il reprenne des forces. Et puis il y a Gina, la cousine de Luna, qui a partagé ses joies et ses peines pendant toute son enfance et le début de son adolescence. Si elle n’a pas eu une vie facile, elle montre une belle force de résilience. Elle a perdu sa mère jeune, n’a pas fait d’études, elle enchaîne plusieurs boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle cache son manque d’estime d’elle-même derrière un look coloré, voyant et excessif loin de l’image que l’on se fait de l’élégance à l’italienne et derrière un dévouement à toute épreuve à la famiglia. Et puis soyez attentifs, si vous avez lu les précédents romans de l’autrice, peut-être retrouverez vous quelques clins d’oeil glissés çà et là.

Comme dans les précédents romans, la musique est omniprésente. Le nom de la protagoniste est un clin d’oeil à une chanson des années 80. Pino Daniele et Gigi d’Alessio, les grands noms de la chanson napolitaine ne sont jamais loin. Mais la plus jolie des musiques qui apparait au fil des pages est sûrement celle du dialecte napolitain. Par des proverbes, des expressions populaires, il ponctue délicieusement le récit pour lui donner une touche d’expressivité et d’authenticité supplémentaire. Naples sans son dialecte ne serait pas vraiment Naples, n’en déplaise aux gens du Nord de la péninsule.

Voilà un roman qui se déguste de la même façon qu’une pizza fritta, rapidement et avec gourmandise… J’ai beaucoup aimé cette lecture qui m’a replongée dans des souvenirs de vacances. Les traits de caractères des personnages m’ont rappelé des rencontres que j’ai pu faire au cours de mes voyages dans le Sud de l’Italie. D’aucuns pourront croire qu’elle force gentiment le trait, mais si vous connaissez la région et ses habitants, vous retrouverez sûrement dans les anecdotes qui jalonnent ces pages un peu de votre vécu Je n’ai maintenant plus qu’une envie, que la situation sanitaire s’adoucisse et qu’il soit de nouveau possible de prendre la tangente pour retourner me perdre dans les ruelles de Spaccanapoli et déguster de la street food et des pâtisseries pleines de crème…

J’espère vous avoir donné envie de le lire, si c’est le cas, rendez-vous en librairie le 18 mars.

À bientôt 😉

On fait parfois des vagues, Arnaud Dudek

Badge Lecteur professionnel

Il était une rencontre

J’ai découvert ce titre par l’intermédiaire du blog Les voyages de K. Nous avions échangé sur ce titre lors de la rentrée littéraire et nous avions d’en l’idée depuis quelques temps de faire une lecture commune. Ce roman, paru chez Anne Carrière et proposé sur NetGalley nous a semblé être une chouette occasion de partager nos impressions de lecture. Tu trouveras sa chronique ici.

Quatrième de couverture

Quelques jours après son dixième anniversaire, Nicolas Apasagi apprend que son père n’est pas son père. Que faire de cette confidence ? Le jeune Nicolas ne sait pas. Il continue sa vie comme si de rien n’était. Mais cette révélation va finir par le rattraper et, à trente ans, il décide de partir à la recherche de son « bon génie » biologique, malgré les obstacles administratifs qu’il s’attend à rencontrer.

Dans ce roman, où l’on retrouve les thèmes qui lui sont chers – l’enfance, l’identité, la transmission –, Arnaud Dudek trouve le ton juste pour raconter, avec délicatesse, une quête des origines à la fois intime et universelle.

Mon ressenti sur cette lecture

Comment affronter le tsunami de son histoire et des sentiments contradictoires qu’elle suscite quand on apprend à l’âge de 10 ans, que celui que vous considérez comme votre père, votre héros, votre phare, n’est en fait pas votre père biologique et que vous êtes le résultat d’un don de sperme ? C’est ce que doit vivre Nicolas, tout juste sorti de l’enfance. Cette révélation qui bouleverse son petit monde l’accompagne tout au long de son adolescence. Finie l’écriture de roman policier et l’enfance… Le voilà fils d’un père qu’il ne connait pas.

Dans ce livre, très court, au style fluide, on découvre par épisodes l’histoire de Nicolas, de son enfance jusqu’à l’âge adulte. On voit évoluer cet enfant rêveur au fil des années, s’éloigner de ses rêves et de sa famille puis y revenir. On le voit grandir s’émanciper du regard de celui qu’il ne considère plus comme son père depuis ce drôle d’après-midi de ses 10 ans. On le voit tomber amoureux, puis refuser de s’attacher. Et on le voit enfin prendre la décision d’aller chercher d’où il vient, avec les doutes et les incertitudes que cela comporte.

On s’attache aussi à la figure de ce papa, fils d’immigré roumain et orphelin de mère et ayant grandi avec un père taiseux. Ce papa qui peine à exprimer ses sentiments par pudeur peut-être ou par maladresse. Ce papa dont l’annonce de la stérilité a bouleversé la vie, mais qui l’a vue révolutionnée par un donneur anonyme qui lui a donné un fils. Ainsi qu’à cette maman qui tente de maintenir à flots cette famille frappée par les vagues des uns et des autres.

Comme K., je découvre la plume d’Arnaud Dudek avec On fait parfois des vagues. J’ai été agréablement suprise par ce livre qui vous ramène en enfance, qui interroge sur la famille, sur le rôle des parents biologiques ou non. Un livre fort et émouvant dont je recommande la lecture et pour lequel je remercie chaleureusement les éditions Anne Carrière et NetGalley.

Et vous ? Vous l’avez lu ? Il vous tente ?

À bientôt 😉

Loin – Marie Liebart

Aujourd’hui, dans cet article je t’emmène en Guadeloupe découvrir le destin de Gaia Belafon. Je remercie chaleureusement les éditions Poussière de Lune qui m’ont fait confiance et permis de chroniquer cet ouvrage dans le cadre de leurs relations presse.

Tout a commencé cet été quand j’ai découvert ce roman et son autrice, sur Instagram. Si tu suis ce blog depuis quelques temps tu connais mon attrait pour les histoires de voyage, les romans qui t’emmènent vers des contrées lointaines et les histoires de femmes. Ce roman avait donc tous les ingrédients pour me plaire.

Toutefois, pour te parler de ce roman, je vais laisser la parole à celle qui lui a donné naissance. En effet, Marie Liebart a eu la gentillesse d’accepter une interview pour le blog.

Crédit photo – Marie Liebart

Bonjour Marie, et bienvenue sur notre blog. Vous signez aujourd’hui votre troisième roman. Vous êtes arrivée à l’écriture depuis peu, parlez-nous un peu de votre parcours.

Bonjour Céline, merci de votre accueil.

Native de Montpellier, j’ai traversé la plus grande partie de mon enfance dans le pays de Gex, frontalier de la ville suisse de Genève. Mes études de sage-femme m’ont ramenée à ma ville d’origine. J’ai ensuite travaillé quelques années sur la côte d’azur avant de cesser mon activité professionnelle pour me consacrer à mes 2 enfants et à nos chevaux, grande passion familiale.

Je vis actuellement dans la Drôme où la plus grande partie de mon temps est vouée à l’écriture.

Et puis un jour vous avez osé, « affronter le miroir de la page blanche » comme vous le dites, qu’est-ce qui vous a conduite à sauter le pas ?

Le beau langage et l’éloquence ont toujours suscité mon émerveillement, et cela depuis ma petite enfance. J’écrivais à mon grand-père de longues lettres. J’aimais dérouler les phrases sur le papier, elles emportaient mes tumultes, de joie et de peine, c’était un sentiment délicieux. Celui-ci me disait souvent : « Tes lettres sont jolies, tu seras écrivain. » Cette phrase est restée en gestation durant des décennies dans un recoin de ma cervelle et puis un matin, au réveil, j’ai voulu noter un rêve étrange fait au cours de la nuit afin de ne pas l’oublier, et tout a commencé. C’est comme un barrage qui cède, l’écriture depuis est devenue une compagne plus ou moins envahissante selon les périodes.

Crédit photo – Marie Liebart
Loin, comme vos deux précédents livres nous emmène en Guadeloupe. Qu’est-ce qui vous lie à cette terre ?

Il est vrai que je voue un attachement particulier à cette île, elle fait partie de mon histoire. Â l’âge de 15 ans, dans un contexte familial de souffrance, j’ai organisé et réalisé une invraisemblable fugue et une longue cavale qui m’ont amenée jusqu’en Guadeloupe. J’ai eu la grande chance de ne croiser sur ma route que des personnes bienveillantes. Cette île est associée dans mon cœur à la chaleur du réconfort, elle reste pour moi un asile à tout jamais. Mon 2ème ouvrage, Chimen chyen, est d’ailleurs une autofiction largement inspirée de cette expérience.

Loin, s’inspire d’une histoire vraie pour nous raconter le destin de Gaia Belafon, une femme créole, née pendant la guerre et dont la naissance et l’enfance sont marquées par une succession de drames familiaux. Comment avez-vous rencontré celle qui vous a inspirée ?

Il y a de cela quelques années, j’ai vécu plusieurs mois en Guadeloupe. J’y ai fait la connaissance d’une de mes voisines, une charmante et malicieuse septuagénaire avec laquelle j’ai tissé une relation amicale. Au cours de nos échanges, m’est venue l’idée de raconter l’histoire de l’île, de la culture créole par le biais du prisme de la vie de cette femme.

Au fil des pages, on voit une belle relation se nouer entre la narratrice, derrière laquelle on n’a pas de mal à vous retrouver et la vieille dame, qui plonge dans ses souvenirs comme on plongerait dans la mer de Caraïbes. Ce sont par moment des déferlantes qui s’abattent sur le lecteur, comment avez-vous accueillis ces souvenirs parfois très violents ?

En toute honnêteté, je n’ai pas été surprise de cela, je dirais même que je m’y attendais. J’ai l’intime conviction que cette violence est la conséquence inévitable du passé. Les racines, le fondement des peuples créoles reposent sur un terreau de barbarie : l’esclavage. La femme y était le dernier maillon de la chaîne, celui sur lequel le sordide et l’inhumain étaient sans limites. L’incidence des violences envers les femmes est plus élevée dans les DOM qu’en métropole, je ne peux m’empêcher de penser que cet état de fait est la résultante d’un passé d’ignominie. L’onde de choc perpétrée par l’esclavage est comme l’ouragan, elle lève d’énormes lames qui déferlent de génération en génération, il faudra du temps pour atténuer la force et la violence de cette houle dévastatrice.

Gaia, Tantanse, Gwladys, Coralie et la narratrice, les personnages féminins de votre roman se distinguent par leur force de caractère, leur capacité de résilience et leur indépendance vis à vis des hommes. Diriez-vous que Loin est un roman féministe ?

Je ne qualifierais pas ce roman de féministe. Je le ressens plutôt comme une ode, un hommage à la puissance des femmes. Il s’agit là d’un gros plan sur un personnage féminin mais, bien au-delà de ce focus, il est pour moi le symbole universel de la force et du courage des femmes. Être femme n’est pas une revendication, c’est un fait. Vous savez, en créole, on parle de « fanm poto mitan », la femme pilier porteur qui soutient l’édifice. Je crois que tout  est dit dans cette formule.

On retrouve dans votre façon d’aborder les confidences de Gaia la douceur et la bienveillance que l’on connaît bien aux sage-femmes. Comme a réagi votre muse à la découverte de son bébé ?

Quand je lui ai fait part de mon projet, il y a eu chez elle un mélange de grande joie et de réticence. Joie de susciter l’intérêt, d’être au centre et en même temps, peur, peur de se livrer, peur de l’exercice impudique consistant à parler de soi.

Il me semble que ces 2 sentiments la traversent encore aujourd’hui, mais la fierté de porter sur ses épaules la vigueur et la noblesse des femmes créoles écrasent magistralement tous ses doutes et hésitations.

Où peut-on retrouver votre livre ?

Mon roman peut être commandé en ligne sur le site de mon éditeur : Éditions Poussière de Lune, ainsi que dans toutes les librairies et sur la plateforme Amazon.

Pour cette dernière question, carte blanche, que souhaiteriez-vous nous dire sur Loin et que l’on n’aurait pas déjà dit ?

Ce livre est avant tout l’histoire d’une rencontre humaine, le bonheur de découvrir l’autre avec ses différences, son regard sur le monde, son environnement, les tonalités de sa langue, les merveilles de sa cuisine …. Et c’est encore pour moi l’occasion de voyager dans le cœur des femmes qui me touchent et m’émeuvent tant.

Merci Marie d’avoir accepté de nous présenter votre roman et d’avoir répondu à nos questions. On ne peut que vous souhaiter plein de belles choses pour la suite de vos aventures littéraires. On espère vous retrouver bientôt pour découvrir vos nouveaux projets.

En attendant, je vous souhaite un bon samedi. Prenez bien soin de vous et de vos proches.

À bientôt 😉

Challenge booktrip en Europe : Taches de naissance – Arnon Grunberg

Et si on partait voyager à travers l’Europe. En ces temps où réserver un billet d’avion et arriver à destination s’avère être une aventure digne de l’un des plus grand Stephen King, ma copine blogueuse des Voyages de K. nous propose de nous embarquer dans un tour d’Europe livresque. L’idée voyager à travers l’Europe pendant un en postant une chronique par mois, ça me fait penser à ce que propose Lonely Planet dans l’Art de voyager sans partir loin. 12 mois – 12 livres – 12 pays… Moi ça me dit, alors j’ai embarqué avec grand plaisir. Après t’avoir emmené au mois d’août en Italie, et au mois de septembre en Ecosse, je te propose en ce mois d’octobre de décoller pour les Pays Bas avec Taches de naissance d’Arnon Grunberg.

Etape n°3 : Pays Bas

Il était une rencontre

Voilà une rencontre que rien ne pressentait. En effet, cet été, lorsqu’avec K. l’organisatrice du challenge, nous nous sommes inscrites au Prix des lectrices de Version Femina, je n’imaginais personnellement pas être sélectionnée. C’est donc avec une grande surprise que j’ai découvert ce roman paru chez les éditions Héloïse d’Ormesson dans ma boite aux lettres, accompagnée d’une lettre m’informant des modalités de participation à ce jury. Ne connaissant ni l’auteur, ni le titre et devant rendre une critique avant le 7 octobre, je me suis donc très vite attelée à sa lecture.

Il y avait quelques temps que l’on voulait faire une lecture commune toutes les deux, c’était l’occasion. Vous trouverez la chronique de K. sur ce même titre sur son blog.

L’histoire

Divorcé et sans enfant, Kadoke est psychiatre spécialisé dans la prévention des suicides. Quand il n’est pas à l’hôpital, il veille sur sa mère grabataire avec une dévotion absolue.

En un mot son quotidien est une variation sur la mort. Un soir, Kadoke commet la facheuse erreur de coucher avec l’auxiliaire de vie népalaise de sa mère. Il doit la remplacer d’urgence. C’est alors qu’il propose à une patiente multi récidiviste une thérapie alternative d’un genre particulier…

Mon avis

Taches de naissance ne fait pas partie des livres vers lesquels je vais spontanément. Il n’est pas vraiment une invitation au voyage, même si son intrigue se déroule à l’étranger. Son histoire nous embarque dans la routine de Kadoke, psychiatre spécialisé dans la prévention des suicides dans un centre d’urgence et fils unique d’une mère vieillissante. Son métier est une passion dévorante à laquelle il a cédé au point de sacrifier son couple et sa vie personnelle et désormais sa mère est l’un des seuls points d’ancrage de sa vie.

Vu sous cet angle, la vie de Kadoke ne semble pas être rose. D’autant qu’après avoir partagé un instant d’intimité avec l’auxiliaire de vie de sa mère, cette dernière décide de démissionner. Le voilà donc seul à gérer l’organisation du quotidien et contraint de quitter son appartement pour retrouver sa chambre d’adolescent pour aider sa maman.

Cette maman que l’on apprend à découvrir au fil des pages, est ce que l’on pourrait dire, un personnage atypique. Rescapée des camps de la mort, elle aime son fils profondément mais ne lui fait aucun cadeau et passe son temps à le houspiller afin de le faire sortir de sa zone de confort. C’est un joyeux mélange de Mrs Doubtfire et de Tatie Danielle. On aime bien la détester.

Entre ses collègues, ses patients, sa mère, Kadoke semble avoir perdu le goût de la vie. Mais c’est sans compter sur Michette, patiente bordeline, croisée par une nuit d’urgence. Michette qui, comme un représentant de commerce, vient mettre un pied dans la porte de la routine bien rangée de Kadoke. En flirtant avec la mort, veut-elle l’inciter à revenir à la vie ou au contraire le faire sombrer avec elle ?

Taches de naissance est un drôle de livre. Sur la quatrième de couverture, on nous présente Arnon Grunberg comme un as de l’intrigue loufoque, j’avoue avoir dû mal à utiliser ce qualificatif pour parler de ce roman. Je le définirai plutôt comme atypique, touchant ou résiliant. C’est un roman qui explore notre créativité pour dépasser la souffrance psychique et interroge notre capacité à choisir entre la vie et la mort et donne la part belle à l’amour filial et à la tolérance. J’y ai trouvé quelques longueurs mais étais cependant contente de retrouver Kadoke pour connaître le fin mot de son histoire. Ce ne sera pas un vrai coup de coeur mais c’était une lecture inattendue et agréable.

Et toi ? Tu l’as lu ? Il te donne envie ?

À bientôt… 😉

Le retour du jeune prince, Alejandro G. Roemmers

Il était une rencontre

Voilà un livre qui était dans ma wishlist depuis sa sortie. J’ai une affection toute particulière pour le texte de Saint Exupery qui m’a accompagné dans de nombreux moments de transition au point d’en avoir la rose tatouée sur ma peau. Aussi lorsque j’ai vu passer cette version 2.0 du Petit Prince sur les réseaux sociaux, il a tout de suite rejoint la liste de mes lectures à venir.

L’histoire

« Aime tes rêves et grâce à eux tu pourras construire un monde plein de sourires et de tendresse … »

Un jeune homme errant sur une route dé Patagonie est recueilli par un automobiliste. L’adolescent est le prince d’une contrée lointaine qui explore l’univers. Dans les paysages désertiques et sauvages, les deux voyageurs, si différents, engagent un dialogue abordant avec simplicité les grandes questions de l’existence.

Au fil de leurs aventures, chacun apprend à écouter le cœur de l’autre et à tenter de trouver le vrai sens de la vie. Ce voyage se trouve le vrai sens de la vie. Ce voyage se transforme peu à peu en une véritable quête spirituelle. Et, au bout de ce chemin, il y a le secret d’un mystère que nous passons parfois une vie entière à chercher : le bonheur …

Mon avis

14 millions d’exemplaires, traduit en 288 d’après cet article de Marie Claire daté de 2016, maintes fois adapté au cinéma et en dessin animé… S’attaquer à l’un des records d’édition et de traduction du XXeme siècle tel que le Petit Prince était un pari franchement osé.

Plus de 70 ans après sa parution, Alejandro G. Roemmers nous offre l’occasion de retrouver ce héros de notre jeunesse avec quelques années seulement en plus (il faut croire que vivre dans l’espace conserve plutôt bien…). Après quelques années à profiter de sa rose et de son mouton sur sa planète, le voilà de retour sur Terre.

Cette fois-ci, point d’aviateur ni de désert, ce sont les grands espaces de la Patagonie qui servent de décor à cette adaptation moderne mais le principe reste le même. Un automobiliste, découvre sur le bord de l’une de ces routes interminables de la Cordillère des Andes un jeune homme et le prend en stop.

Le petit prince, même si il a grandi et se questionne sur les motivations des actes des adultes, a gardé l’innocence qu’on apprécie tant chez lui. Avec l’automobiliste par contre, j’ai eu plus de mal. Discours trop bien pensant, fortement empreint de philosophie religieuse, j’étais un peu nostalgique de l’aviateur, de ses dessins poétiques et de ses discours universels. On verrait presque dans les paroles du conducteur, le Jeune Prince comme un messie des temps modernes, revenu sur Terre pour prêcher la bonne parole et remettre un peu d’enfance dans le coeur des adultes trop sérieux.

Cependant, Le retour du Jeune Prince reste une lecture agréable, fraîche et pleine de positivité très joliment illustrée par Laura Hastings. Et après le pavé que je venais de terminer c’était vraiment très relaxant de ne pas se prendre la tête et de se laisser porter par les nouvelles aventures de ce héros de notre enfance.

Tout au long de ces 165 pages, j’ai pas mal pensé aux articles de Mélanie, du blog Ose voyager seule, qui a passé plusieurs mois à faire du stop sur les routes de Patagonie et aux paysages magiques qu’elle nous a fait partager lors de précédentes éditions du Café des voyageurs. Et franchement, ça donne envie de s’envoler pour l’Argentine et de tailler la route jusqu’à Ushuaia.

Et vous ? Vous l’avez lu ? Il vous tente ?

À bientôt 😉