Voyager éthique à Cuba

À mi chemin de notre série d’articles façon carnet de voyages à Cuba, je te propose une petite série de conseils pour voyager éthique à Cuba. Comme je te l’ai déjà dit dans mon premier article de cette série, nous attendions ce voyage depuis tellement longtemps qu’il était pour nous hors de question de nous enfermer dans un hôtel d’état et de ne voir Cuba qu’à travers la vitrine qu’on voulait nous montrer. Jamais je ne le serai sentie à l’aise dans mon hôtel 5 étoiles à siroter des mojitos pendant que dehors, le peuple fait des triples saltos pour arriver à vivre à peu près dignement.

D’ordinaire, c’est moi qui me colle à l’aspect logistique de l’organisation des voyages, de la réservation des vols et des logements. Mais ce voyage-là était particulier, et nous ne voulions pas partir à l’aventure à l’autre bout du monde sans avoir un minimum d’assurance. Aussi lorsque sur les conseils d’un ami, nous avons contacté l’équipe de la casa Malecòn 663 à la Havane, nous avons été très clairs sur l’aspect éthique dans notre voyage.

Depuis quelques années, notre petite famille essaie de mettre en place une façon de vivre minimaliste et moins axée sur le matériel pour pouvoir vivre d’expériences et non de biens. Alors je te vois déjà arriver de là en mode, ouais tu prends l’avion déjà c’est pas éthique… Oui, c’est vrai et j’assume, mais aller à Cuba en pédalo, comment te dire, l’idée nous a traversé l’esprit mais on s’est finalement dit que c’était quand même drôlement moins pratique… Alors bilan carbone mis à part, je te propose quelques conseils pour voyager éthique, c’est à dire en respectant, la nature et les habitants et en laissant en quittant l’île l’image d’un visiteur que l’on aura plaisir à accueillir de nouveau et non d’un envahisseur râleur, à Cuba.

Conseil n°1 : profite de ton avant voyage pour te mettre sérieusement à l’espagnol

Un jour, en nous baladant dans La Havane, nous avons rencontré un vendeur d’affiches qui après nous avoir vendu l’affiche que l’on voulait avait envie de parler. Nous étions à Cuba depuis quelques jours, et après avoir goûté à la tranquillité de l’Oeste, nous passions notre première journée à La Havane, un peu stressés par l’ambiance de la ville. C’est là qu’il nous a servi une constatation assez triviale, mais d’une grande sagesse :

« Lorsque tu débarques à La Havane, tu perds ta condition d’être humain pour devenir un citron à presser jusqu’à ce qu’il n’ait plus de jus ».

C’était assez dur pour nous d’entendre que quelles que soient les motivations qui se cachent derrière ton voyage, au final, tu es un touriste comme un autre. Et dans la capitale, comme dans certains autres endroits, tu n’es pas à l’abri de petites arnaques à la monnaie, ou de gens qui sous couvert de gentillesse souhaitent se faire inviter à boire ou à manger.

Dans ce contexte-là, lorsque tu poses le cadre en t’exprimant dans un espagnol potable et en maintenant la conversation en espagnol, on est moins tenté de te la jouer à l’entourloupette mais dans des contextes plus sereins tu crées aussi de la confiance. Selon l’endroit où tu te trouves, cela peut clairement t’ouvrir des portes et te faciliter certaines rencontres. À plusieurs reprises, le fait de parler espagnol nous a permis d’aller au-delà du discours convenu et de découvrir la Cuba que nous étions venus chercher ou de passer des moments sympas dans les casas de la cultura.

Conseil n°2 : Loge chez l’habitant

À Cuba, il y a deux systèmes d’hébergement pour les touristes. Les hôtels d’Etat qui appartiennent au régime et, depuis quelques années, les casas particulares, équivalent de nos chambres d’hôtes. Bien sûr, les hôtes sont triés sur le volet et ont pour consigne de scanner ta pièce d’identité dès que tu arrives de sorte que l’on sache toujours où tu es. Bien sûr, les hôtes versent une partie de leurs gains à l’Etat, mais au moins tu aides une famille à arrondir sa fin de mois et tu partages son quotidien et ses repas.

Question confort, tu en trouveras pour tous les goûts et pour toutes les bourses. De l’Hacienda de luxe sur les hauteurs de Trinidad, à la ferme familiale en passant pas les anciens séchoirs à tabacs ou les résidences d’artistes, tu peux maintenant trouver des casas, un peu partout sur les grands sites de réservation… Surtout n’hésite pas à lire les commentaires et les avis des hôtes précédents, en général, ils en disent assez long sur la personnalité de ton futur hôte. Si par contre, tu souhaites faire trempette dans une piscine un cocktail à la main, tu ne pourras malheureusement pas le faire. Les piscines des casas particulares qui en avaient ont été condamnées il y a quelques années. Seuls les hôtels peuvent offrir ce service.

Les petits déj’ gargantuesques sont souvent inclus dans la nuitée et les repas du soir sont proposés en option. Partout où nous sommes allés, nos hôtes ont mis un point d’honneur à nous faire découvrir leurs spécialités et leur culture gastronomique encore mieux qu’au restaurant et te proposeront parfois une partie de pêche ou une soirée musicale qui restera sans nul doute dans ton top 10 des souvenirs de voyage…

Conseil n°3 : garde toujours à l’esprit que tu es dans un pays sous embargo

Tu le liras partout, Cuba manque de tout. Si pour les touristes tout est fait pour que tu ne manques de rien, au quotidien pour les cubains, ce n’est pas la même affaire. Lorsque tu te balades dans certains quartiers de Trinidad ou de La Havane, tu reçois une sacré claque.

Pense donc bien à tout ce dont tu pourrais avoir besoin avant de partir car si à La Havane, tu pourras trouver de tout facilement, selon les endroits où tu iras, il se peut que cela soit plus difficile. Nous avions prévu dans la valise certains vêtements pour adultes dont on aurait pu se séparer à la fin du séjour, des petits jouets, des cahiers, des crayons et des bonbons, des échantillons de savons et de parfum. À la fin de notre séjour, ce que l’on a laissé le plus volontiers c’étaient les médicaments, car là encore c’est compliqué.

Si un jour on devait repartir, on chargerait sûrement nos valises de produits pour les bébés. Soyons lucides, dans certains cas, toutes ces choses ne servent qu’à alimenter le marché noir, mais au moins, elles aident à améliorer un peu le quotidien.

En gros, chaque semaine ou quinzaine, les familles cubaines reçoivent leurs provisions de première nécessité prévues par la carte de rationnement. Tu peux connaître les jours en voyant la queue devant les échoppes. Pour le reste, il y a les petits commerçants qui vendent leur production de fruits et légumes ou les supermarchés d’état où tout s’achète à prix d’or. Certaines choses qui à tes yeux d’occidental paraissent d’une simplicité évidente, peuvent se révéler difficiles d’accès à Cuba.

Pendant notre séjour, nous avons rencontré un couple franco-cubain, qui nous a expliqué qu’avoir en même temps tous les ingrédients pour faire des crêpes leur avait pris un an et demi. Le boeuf, dont l’abattage est régi par l’état, et la langouste sont réservés aux touristes. Tout ce qui vient de l’étranger vaut 3 fois son prix. Exit donc tout ce qui pourrait provenir de la Coca Cola company tu le paierais 3 fois le prix, profite des refrescos et des jus de fruits frais locaux (en vérifiant si ils sont coupés qu’ils le soient à l’eau minérale si tu ne veux pas avoir de mauvaises surprises). Bref, profite des mangues et des ananas, tu n’en mangeras plus jamais des comme ça, consomme local !

On a souvent, au cours de notre séjour entendu des gens râler sur le wifi, la qualité des routes, le manque de ceci ou de cela ! C’était limite dérangeant surtout quand tu te prends en pleine poire la misère des ruelles de Habana Vieja ou des hauteurs de Trinidad. Fais comme les cubains, prend ton séjour comme il vient avec le sourire et laisse-toi porter, tu verras ça va bien se passer.

Conseil n°4 : fais attention à ce que tu dis et à ce que tu fais.

On aurait tendance à l’oublier devant les paysages de carte postale et les airs de salsa qui t’invitent à gozar la vida du matin au soir, mais les panneaux à la gloire du Che et de Fidel sont là pour te le rappeler sur les bords des routes.

Concrètement, en tant que touriste, tu ne risques absolument rien du tout hormis quelques petites arnaques de rue. De ce point de vue là, Cuba est un pays très sûr.

Cependant, mieux vaut éviter de la jouer Antoine de Maximy en mode J’irai dormir chez vous. Pour les cubains, pas question de loger ou de transporter des touristes sans autorisation, sous peine de s’exposer à des poursuites. L’un de nos taxis, qui avait oublié de prendre sa licence avant de partir, en a fait l’amère expérience lors d’un contrôle routier. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne rigolent pas, il a dû payer une amende équivalent le prix de la course, soit à peu près 500 pesos cubains (plus ou moins un mois de salaire).

Fais aussi attention aux questions que tu poses, certains sujets sont tabous. Je me revois filer des grands coups de pieds dans le siège de wanderlustdad qui à peine débarqué à La Havane demandait à notre chauffeur de taxi comment on vivait dans un pays sous embargo, pendant que ce dernier le regardait d’un air de dire « Mais de quoi il parle celui-là, embargo ? On est sous embargo nous ? ». Cuba tient à maintenir son image de petit paradis. Aussi, si tu vois les personnes avec qui tu discutes se fermer comme des huîtres ou rester dans le flou lorsque tu leur poses une question, change de sujet… Ce sera mieux pour tout le monde.

Conseil n°5 : essaie d’anticiper avant de partir ta consommation de bouteilles d’eau

Cuba est un spot magnifique pour la plongée et les randonnées de toutes sortes. Le pouvoir en place, les scientifiques et les cubains font de gros efforts pour préserver les ressources naturelles et les beautés de l’île. Les parcs naturels sont nombreux et merveilleusement entretenus. Toutefois, certains endroits isolés particulièrement fréquentés par les touristes, tendent à ressembler à des poubelles avec leurs cadavres de cannettes, de bouteilles et autres emballages…

Au quotidien à la maison, nous essayons de limiter le plus possibles les déchets que l’on produit, le plastique notamment. On se voyait donc mal partir à Cuba et leur laisser en cadeau nos bouteilles d’eau. D’autant qu’à quatre, avec la chaleur, le rythme de consommation est assez soutenu. Alors certes ! Tu me diras, les jus de fruits sont excellents et tu peux toujours boire des mojitos mais là encore sur la route, ils sont servis dans des verres en plastique avec leurs pailles tout aussi en plastique et puis selon l’heure, le mojito c’est moyen… Et sur place, pas question de boire de l’eau non bouillie ou décontaminée.

Donc pour préserver ta conscience écologique sans te payer une méga tourista, fais un tour à la pharmacie avant de partir et achète des pastilles pour désinfecter l’eau. On en a eu pour une dizaine d’euros pour 100 pastilles et la tranquillité pendant tout notre séjour d’utiliser l’eau du robinet dans nos thermos au bout d’une heure sans passer par la superette toutes les cinq minutes et sans aucun désagrément. Donc n’oublie pas tes gourdes et tes pailles en inox avant de partir et si le coeur t’en dit, profites-en pour te préparer un petit kit du voyageur zéro déchet…

Conseil n°6 : fais confiance à tes hôtes pour t’aider à trouver de supers excursions / activités qui te ressemblent

Les guides c’est chouette pour débroussailler le terrain, mais une fois sur place, n’hésite pas à demander conseil à tes hôtes pour visiter les alentours. Ils ont souvent de chouettes idées de visites à te suggérer. On se souviendra longtemps de cette balade sur le sentier Enigma de las Rocas, suggérée par nos hôtes, aux environs de Playa Larga. Avec sa faune exceptionnelle, ses cenotes, il est assez peu présent sur les guides mais vraiment de toute beauté ou de la visite de la Finca Armonia à Viñales, qui aura été un très chouette moment d’échange, sans parler des soirées musicales d’O. à Cayo Levisa… Ils connaissent le territoire et savent faire appel à des personnes qui répondront à tes attentes.

Conseil n°7 : si tu choisis de faire des activités impliquant des animaux, garde un oeil sur leur bien être.

À Cuba, tes rencontres avec les animaux pourront être nombreuses. De la balade à cheval dans les montagnes de Viñales ou de Trinidad à la rencontre avec les iguanes ou les dauphins en passant par la plongée sur la barrière de corail, toutes sortes d’expériences sont proposées aux visiteurs. On a même vu un boeuf, tirer une charrette pleine de touristes, tu parles d’une expérience authentique… Je veux bien concevoir que le boeuf soit encore utilisé là-bas pour les travaux des champs mais il y a quand même des limites.

Aussi, avant de partir à cheval, jette un petit coup d’oeil à ton destrier, histoire de voir si il te semble d’attaque pour la balade. Avant de mettre ton plus beau maillot pour aller nager avec les dauphins, regarde les vidéos d’autres touristes ayant vécu cette expérience. Pour notre part, on a volontairement zappé le Delfinarium lors de notre passage à Cienfuegos… La loi du karma s’est suffisamment rappelé à nous lorsque l’on a voulu faire des trucs qui n’était pas tout à fait alignés avec nos valeurs.

Si tu penses aller te balader en forêt, prévois des jumelles, car tu pourras voir des merveilles si tu lèves la tête vers la cîme des arbres, colibri, tocororo, urubu à tête rouge, caméleons et autres lézards arboricoles. Pour les enfants, chaque rencontre a été magique.

Voilà voilà ! J’espère que tu auras pu trouver dans cet articles des conseils utiles pour préparer ton séjour.

À bientôt 😉

Publié par

wanderlustmum13

Passionnée de voyage et de littérature, je vous propose de suivre les aventures de notre famille vadrouilleuse 🚲🚖 🚞🌎🌍🌏 🛺🚗✈️

3 réflexions au sujet de “Voyager éthique à Cuba”

  1. J’avais prévu un voyage à Cuba avec ma famille cette année, mais le Covid19 nous a cacher ce plaisir. C’est parti remise et j’ai lu ton article avec le plus grand plaisir. Merci.

    J’aime

    1. Merci à toi pour ton commentaire ! Ravie que l’article t’ait plu.
      C’est vraiment dommage ! Le coronacaca nous a aussi fait péter plusieurs projets de voyages 😥 Mais tu verras, tu ne seras pas déçue. Ça faisait 18 ans qu’on espérait y aller et toute la famille a vraiment adoré notre expérience là-bas. On en a pris plein les yeux, plein les oreilles et plein le coeur. On espère pouvoir un jour y retourner pour faire la partie Est de l’île. Je finalise un mini-guide des expériences que les enfants ont particulièrement appréciée, donc n’hésite pas à revenir d’ici quelques jours, il devrait y avoir du nouveau. À bientôt 😉

      J’aime

Laisser un commentaire